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King Cat

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4 critiques: 3.19/5

visiteurnote
le singe 3.5
seizan 3.25
Manolo 3
pomme de pin 3


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Un film entre deux époques pour une aventure romanesque mêlant histoire, intrigue et action

L'histoire 

Epoque des Song du nord, sous le règne de l'empereur Renzhong (XIème siècle). Le célèbre juge Bao vient de s'attirer les foudres du tuteur impérial Pang en exécutant son fils corrompu et n'échappera à sa vengeance que grâce à l'intervention de Zhan Zhao (Chang Yi), aussi connu sous le nom de héros du sud. Ce dernier proposera au juge de se mettre à son service mais sera promu au rang de "garde impérial" (autrement appelé "Chat Royal") par l'empereur pour avoir secouru sa soeur la princesse Yongan (Cheng Li) victime d'un attentat ourdi par le tuteur impérial Pang. Et bien que Zhan Zhao ait préféré délaisser l'honneur impérial, l'annonce de son nouveau titre ne sera pas du goût de certain de ses collègues du monde des arts martiaux, en particulier le groupe des 5 Souris de l'île Xiankong qui décideront de le mettre à l'épreuve, interférant sans le savoir avec la suite des intrigues du tuteur impérial, de sa fille l'impératrice et de l'amant de cette dernière (toujours Hua Chong/Lo Lieh) à l'encontre de la princesse Yongan et du juge Bao. Zhan Zhao aura alors à se démener entre les pièges des différents camps afin de clarifier la situation, éprouvant à l'occasion les difficultés de la cohabitation entre son choix de servir la justice officielle et le sens de l'honneur ayant cours parmi les héros du monde des arts martiaux. 

Le film
 

Adroit mélange de drame historique, de policier et d'aventure romanesque, ce "King Cat" de 1967 est un prototype intéressant de film entre deux époques : celle quasiment révolue des drames héroïques littéraires des années 50-60 et celle naissante du wuxia-pian d'action flamboyant dont la Shaw Brothers fera une de ses spécialités jusqu'au milieu des années 80. Une caractéristique que l'on constatera ici autant dans l'histoire que dans son traitement cinématographique. 

Au niveau du scénario, bien que l'on évolue principalement dans le domaine de l'investigation, le versatile Ding Sin Saai a manifestement préféré s'attacher aux personnages par leur confrontation aux faits plutôt que de s'essayer à la devinette policière hasardeuse. Autre caractéristique forte du récit tout à fait en phase avec cette tendance quasi biographique : un profond ancrage culturel représenté par la présence du personnage du juge Bao (voir note historique plus bas) lui conférant son coté littéraire tant apprécié par tout chinois fier de son histoire (tout chinois, en somme). L'histoire fertile en chassés-croisés divers se dévoile ainsi "en direct" (le spectateur est au courant de tout) et dans un cadre historique connu de tous (sinon, lire la note historique plus bas). L'attention y est focalisé sur l'évolution des réactions des personnages face aux situations rencontrées, analyse soutenue par une action de tendance "moderne" plutôt que par un discours dramatique de style "ancien" mais sans qu'aucune démonstration n'y soit trop appuyée. Choix de simplicité tout à fait judicieux et respectueux de l'intelligence du spectateur, ayant pour résultat une trame limpide et doublement ludique par ce coté fouillé autant que divertissant, sans oublier l'ajout d'une touche de romantisme amoureux qui complètera ce tableau légèrement suranné et rafraîchissant à la fois. 

Cela dit, amateurs d'action, ne passez pas pour autant votre chemin. Car des combats, il y en a un bon paquet et ils s'avèrent être de tout à fait bon niveau pour l'époque bien que conservant eux aussi une couleur plus souvent littéraire que techniquement démonstrative. En dehors des interventions des personnages principaux interprétés par Chang Yi, Lo Lieh, Helena Ma et Kiu Chong, on y joue ainsi souvent d'avantage sur des capacités exotiques et pitoresques que sur de véritables techniques de combat. A ceux qui souhaiteraient des affrontements plus techniques, je conseillerais juste de s'orienter vers Cat Versus Rat, une comédie d'action un peu lourde proposée en 1982 par Liu Chia Liang avec sa troupe au grand complet et basée sur le même épisode de cette histoire populaire.

Autre grand plaisir de ce film, un casting mêlant des nouveaux venus annonciateurs de l'époque naissante et les vétérans du studio. A savoir notamment un Chang Yi en gloire montante et pas encore vilain (une future spécialité dont je trouve personnellement l'exclusivité très discutable tant il se montre également épatant en héros intègre, ici oubien dans The Fast Sword), un Lo Lieh déjà vilain et pervers à souhait, un Kiu Chong vétéran partiellement dé-rigidifié de la SB classique tenant à merveille son rôle de héros confit de fierté chevaleresque, un Wu Ma tout jeune et plein d'autres apparitions sympathiques comme Lau Kar Leung ou son frère Lau Kar Wing, les incontournables Cheung Hei et Lee Wan Chung, etc... Et je ne vous parle pas de Cheng Li ni d'Helena Ma constituant à elles-seules un indéniable plaisir supplémentaire... Un magnifique et riche mélange pour l'amateur, donc. 

Pour le reste, du coté technique, on est en terrain connu : réalisation académique mais de bon niveau et en phase avec le genre "double" du film, décors et costumes de modèle déposé SB, compositions musicales de Wang Fu Ling,... Bref, on s'y sent bien dans son "Shaw". 

Note historique
 

Le juge Bao (nommé Bao Zheng ou encore Bao Gong/Seigneur Bao) présenté dans cette histoire est un personnage réel extrêmement populaire de l'époque des Song du Nord. Il est devenu célèbre tant pour son sens de la justice impartiale qui le fit surnommer Bao Qing Tian ("Bao le ciel bleu") par ses admirateurs respectueux que pour sa peau particulièrement sombre qui le faisait surnommer Bao Heizi ("Bao le noiraud") par ses nombreux ennemis. Ainsi que présenté dans le film, il était en particulier un fervent combattant de la corruption, n'hésitant pas à s'attaquer aux plus hauts personnages de la cour (son opposition au clan du ministre Pang est notoire) et disposant d'ailleurs à l'intention des officiels d'une espèce de guillotine à tête de tigre (une deuxième à tête de chien lui servait pour des condamnés plus communs et une troisième à tête de dragon était quand à elle réservée au raccourcissement des membres de la famille impériale). 
Devenu depuis lors un modèle emblématique d'équité et de moralité, personnage de nombreuses productions littéraires (romans, opéras,... aujourd'hui déclinés en séries TV et même jeux vidéos !), il est encore considéré et vénéré comme tel de nos jours (voir le temple/tombeau qui lui est consacré à Hefei, sa ville natale, ainsi que d'autres situés à Kaifeng, la capitale de l'époque, ou d'autres lieux où il a pu officier). 
Quand à Zhan Zhao, je doute fort qu'il s'agisse d'un personnage réel (en tout cas selon cette présentation héroïque) mais il fait du moins partie de l'entourage traditionnel du juge Bao en tant que son bras armé et investigateur secret dans les versions populaires de ses aventures telles qu'on les trouve notamment retranscrites dans de multiples séries TV, celles-ci pouvant également évoquer les fameuses 5 souris au passage. 

Verdict
 

Entre policier médiéval et wuxia-pian, ce "King Cat" se révèle être un vraiment bon petit film d'aventures romanesques, tout à fait agréable à suivre. Bien qu'éventuellement "physiquement" peu marquant vu avec les critères ultérieurs de course au (délire) spectaculaire, ce film à la limite d'un autre temps pourrait bien nous rappeler qu'un fond simple mais honnêtement travaillé et délicatement présenté saurait encore avoir son mot à dire face au coté démonstratif d'une pure forme... Du moins, après avoir vu une foule de wuxia-pian plus tardifs aux héros torturés et sanguinolents, on ne peut nier que cela a au moins un certain coté "reposant". 

Au final, ne serait-ce que pour son parfum "entre deux époques" mêlant culture et aventure, ce film mérite assurément le coup d'oeuil de l'amateur de wuxia, de ciné HK, d'histoire ou simplement de belles aventures bien racontées. A tenter.



27 juillet 2005
par le singe


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